Histoire de la mode (1)
Emmanuel Laurentin a consacré 4 de ses émissions (La nouvelle fabrique de l'histoire) de la semaine dernière à l'histoire de la mode. (On peut réécouter ces émissions pendant un mois).
Pour la première de ces émissions, il recevait Claude Brouet, qui fut journaliste de mode chez Elle puis chez Marie-Claire, avant d'être directrice de collection chez Hermès. Elle est évidemment un témoin privilégié des évolutions de la Haute Couture des années 50 jusqu'à nos jours. Elle assure avoir vu la mort de la Couture, car avant les années 50, les maisons avaient des ateliers et des clientes qui s'habillaient en haute couture, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Les défilés sont désormais des shows, les collections ne se soucient plus d'habiller, mais de promouvoir un nom, une marque, pour vendre des accessoires. La mode était centrée sur le vêtement, aujourd'hui, elle est "une attitude" dit-elle.
Au delà des anecdotes, son témoignage apporte un éclairage intéressant (au moins pour la néophyte que je suis) sur le processus de création mais aussi de diffusion de la mode.
Elle raconte ainsi comment toute la nouveauté venait de la Haute Couture au début de sa carrière, avant qu'un petit groupement de prêt à porter (les 3 hirondelles) ne se fasse aussi centre de création : dans la rubrique qu'elle avait créée (1953), consacrée au prêt à porter, le magazine Elle avait alors présenté des mannequins portant des réveils "vite vite à la mode". On n'attend plus de se faire faire une robe comme dans la confection traditionnelle, on la veut tout de suite :-). C'est à cette époque que les maisons de prêt à porter ont commencé à avoir des stylistes, le premier d'entre eux étant Gérard Pipard, qui a fini sa carrière dans la Haute Couture (Nina Ricci).
Elle revient sur le New Look de Dior : on l'avait analysé à l'époque comme une période de faste (des mètres de tissus pour obtenir cette ampleur de jupe et cette longueur) voulue après la guerre et les privations. Claude Brouet quant à elle ne croit pas que les conditions économiques puissent avoir une influence sur le volume de tissu et les silhouettes à la mode. La mode ne se discutait pas : les cols, les manches devaient être comme ci ou ça, il fallait des guêpières pour porter ces grandes jupes qui bougent, et Claude Brouet se souvient s'être serrée la taille jusqu'à 49 cm...
Dans les années 50, le secret était absolu sur le contenu des collections, la copie était très surveillée. Le prêt à porter était le reflet de la mode de 6 mois ou un an auparavant. Désormais, avec internet, tout est diffusé immédiatement.Les "people" sont selon elle un vecteur de diffusion de la mode : on leur offre tous accessoires gratuitement, et des photographes les attendent au bas de chez elles pour les photographier avec lesdits accessoires... De même que les plus gros annonceurs dans les magazines imposent leur griffe...
Enfin, Claude Brouet estime que "tout le monde ayant toujours deux bras, deux jambes et une tête", ce qui renouvelle la mode aujourd'hui et lui évite un éternel recommencement, ce sont les nouvelles matières et les nouvelles techniques : ainsi, par exemple, le Pleats Please d'Issey Mikaye (voir ci-contre).