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La Boîte de Pandore
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20 mars 2007

Enquête

Comme il ne faut jamais manquer une occasion de s'instruire, fût-ce dans le sang de ses voisins*, j'ai été enquêter sur la crème des enquêteurs, soit la prestigieuse brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.

J'y ai appris en vrac, qu'il y a à peu près une cinquantaine d'homicides par an à Paris (contre 310.000 autres crimes et délits), un millier en France. Le taux d'élucidation est le meilleur de tous les actes de délinquance, et est de 80% en 2003.

On arrive à la brigade criminelle après plusieurs années passées dans la police judiciaire, on n'y prend aucun débutant. On commence 6ème de groupe, et puis on passe 5ème, et ainsi de suite. Chacun a un rôle défini, celui qui constate, pose les scellés, les techniciens de scènes de crimes, ceux qui interrogent le voisinage : j'en déduis donc que j'ai eu la visite du 5ème et du 6ème de groupe.

Autour du corps, on constate en escargot, en s'éloignant progressivement, et en prélevant tout ce qui se trouve autour. Tous sont équipés de bottes, gants, bonnets, pour ne pas laisser d'empreintes génétiques. Lorsqu'il y a une arme, le criminel l'emporte le plus souvent, mais s'en débarrasse rapidement pour ne pas être saisi avec, aussi on fouille immédiatement poubelles, vide ordures et égouts.

Dans 9 cas sur 10, il existe un lien entre la victime et l'auteur du crime, aussi l'enquête est-elle toujours une enquête sur la victime. Plus l'auteur se donne du mal pour rendre la victime non-identifiable, et plus elle est proche : il faut parfois des mois et des mois pour identifier la victime, quelques heures pour arrêter le criminel une fois l'identification faite.

Lorsqu'il n'y a pas de lien, dans le cas d'un tueur en série, par exemple, l'enquête sur la victime ne sert à rien, mais on va chercher les points communs entre les victimes, (la même piscine ? le même livreur de pizza ?) et on resserre l'enquête sur le point commun.

Ce qui revient parfois à attendre un autre homicide ; dans le cas des crimes sexuels, le coupable recommence toujours. Le temps joue toujours contre l'auteur du crime. C'est éprouvant pour les équipes, aussi l'enquête doit-elle toujours rester celle du groupe, et non pas une enquête personnelle : un autre homicide, de nouveaux indices, mais un sentiment d'impuissance et d'échec à l'avoir empêché. 

Dans le cas de Guy Georges, on a recherché des viols avec couteau : on a épluché des milliers de cas de violence avec couteau pour éliminer tous ceux ne pouvaient pas avoir commis les faits.

Lorsque vient le moment de procéder à une arrestation, il faut de préférence une surprise, un surnombre, et beaucoup de rapidité pour moins de violence. Et puis la PJ dispose de 48h de garde à vue pour interroger le suspect. C'est alors qu'il faut créer une sorte d'intimité avec le suspect, parce que souvent, l'aveu soulage celui qui le fait : si un lien ne se crée pas avec l'enquêteur on envoie un deuxième, puis un troisième. On en cherche un qui parle plus facilement à telle ou telle sorte de personne. C'est souvent aux heures avancées de la nuit qu'on obtient le plus d'aveux.

*  *  *

PS : Pour ceux qui sont intéressés par les débuts de la police scientifique, je recommande vivement l'Aliéniste, de Caleb Carr. Un roman policier aussi haletant que documenté sur les débuts des analyses scientifiques aussi bien que de la psychiatrie dans l'enquête criminelle.



* c'est une expression, il n'y a pas eu de sang.

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Commentaires
N
Attention, le texte qui va suivre n'a rien à voir avec votre article, vous pouvez sauter le pavé texte qui suit.<br /> <br /> Un sujet qui me concerne ! Je suis rentré dans les forces très spéciales il y a peu, je me débrouille de mieux en mieux, à chaque meurtre, je perfectionne ma technique, il faut dire que je n'ai jamais été victime d'une enquête policière. En fait, tout remonte à mon enfance, j'avais un peur bleue des araignées, j'étais vraiment arachnophobe, le simple fait d'un voir une en photographie me refilait des frissons dans tout le corps, j'étais obligé de tourner la page et d'attendre parfois plus de 10 secondes que cette sentation passe. Petit à petit, en combattant chaque jour, j'ai réussi à repousser ma peur jusq'uà aujourd'hui où je suis devenu tueur en série d'araignées ! En suivant vos conseils, je vais procéder à quelques mesures simples qui me permettrait d'éviter tout soupçon en cas d'une éventuelle enquête sur ma personne par rapport à ces meurtres. J'ai du faire passer une centaine de cadavres par la poubelle sans que personne n'ait rien remarqué, je dois avoir un don. A vrai dire, j'aurais préféré avoir d'autres don parce que celui est assez pesant, j'aurais bien aimé avoir le don d'ubiquité comme ça j'aurais pu aller travailler tout en restant chez moi et puis j'aurais pu voyager en même temps et aussi faire les courses et faire du sports et apprendre le chinois. Je n'aurais pas vraiment aimé être invisible parce que lors des réunions on aurait demandé : "Mais où est encore Nicolas ?" et si j'avais répondu, tout le monde aurait su que j'étais invisible et ç'aurait été moins marrant donc je n'aurais pas pu répondre. Et à force de ne pas répondre, je me serais fait viré car il ne faut pas prendre les patrons QUE pour des idiots, non, y en a aussi des méchants dans le lot... c'est le cas de mon ancienne patronne, qu'est ce qu'elle était méchante ! Et qu'est ce que j'aimais ça ! Elle avait un mari et des enfants, il ne lui manquait plus qu'une liaison extra conjugale pour s'épanouir complètement, ce qu'en tant que gentil employé, je lui ai offert. Je suis gentil tout de même, non ? Si ! Enfin, je parle de vous, je parle de vous et je ne vous parle pas de moi, ce n'est pas grave, ça sera pour une prochaine fois.<br /> <br /> Tout cela pour vous exprimer le fait que j'ai trouvé votre article très intéressant mais que j'ai voulu résumer les raisons, en espérant que vous aurez tout de même compris.<br /> <br /> Nicolas.
P
AWy > c'est moins dégueu qu'un film d'horreur, quand même... comment, une fondatrice de "voix off" qui ne sait plus un titre de film ??? mais le petit lutin noir t'a ôté la mémoire en plus du reste ? ;-)<br /> <br /> Danton > moi Ellis Peters ça m'a toujours gonflée, mais dans le polar ethnologique il y en a des biens : Tony Hillerman, John Upfield, malgré un ton un peu désuet très bien construit, et puis toutes les enquêtes du juge Ti, géniales... <br /> <br /> Danton > c'est comme toi avec le foig... ;-)
D
>> AW : ca va, tu prends pas des masses de risques, pour la glace !
D
>> secondflore : je pense que tu as raison, c'est Sleepy Hollows. J'ai mélangé... Mais bon, la légende du cavalier sans tête n'est pas mal quand même...<br /> <br /> Un truc qui m'insupporte, par contre, c'est tous ces bouquins identiques les uns aux autres qui présentent du pseudo polar historique (on les reconnaits, les 3/4 sont chez 10/18 !). Je devrais pas critiquer, ma mère aime bien, mais les trucs à la Ellis Peter, c'est quand même pas terrible...<br /> <br /> Le summum de l'enquête historique, ça reste quand même le Nom de la Rose. C'est le seul qui mélange vrai bon suspense, bonne histoire, et intérêt historique (et épistémolique).
A
oui moi aussi l'alieniste ca m'a empechée de me nourrir pendant 3 jours tant c'est écoeurant, donc forcément jen ai gardé un souvenir mitigé... En revanche j'ai un souvenir ému, lui, d'un Simenon, joué par Gabin me semble-t-il, sur la recherche d'un tueur en série... ? Allez j'offre une glace au caramel à qui m'aide a retrouver !
La Boîte de Pandore
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